Antacom (2008-20xx)

Protocole

 

  • Antacom est une installation picturale en évolution composée à terme d’un polyptyque de 82 tableaux assortis de 82 logs selon une distribution aléatoire. Un jeu du regard.
  • C’est un livre muet, spatial et cyclique, conçu selon le modèle des Désastres de la guerre de Francesco Goya  (recueil qui comporte 82 planches accompagnées de commentaires). Un théâtre de la conscience à l'âge de la mutation numérique.
  • Les images sont des méta-images.
  • Le polyptyque est composé de tableaux non séparables, hors marché.
  • La rencontre aléatoire d’un tableau et d’un log est appelée Station. Certaines stations sont fixes, notamment les deux premières, toujours mises en exergue. 
  • Les logs sont inscrits directement sur le mur, alignés sur le coté gauche du tableau, à 30 cm du sol.
  • Chaque tableau est peint à l’huile en camaïeu de violet (pigment dioxazine de carbazole) sur un châssis 50 M (73 x 116 cm). Une bande de 5,5 cm, peinte ou non en blanc, est ménagée dans le bas de chaque tableau.
  • La couleur violette, couleur extrême et oxymore visuelle (chaud/froid, proche/lointain), renvoie à la lumière noire du cyberespace.
  • Le format des châssis réfère aux écrans (16/9).
  • Le polyptique peut être installé de différentes manières dans un espace donné et dans un temps donné. Il peut être montré par fragments. Certains tableaux pourront être réformés et remplacés par d’autres.
  • Chaque installation est un tirage : un commissaire définit l’ordre des tableaux et tire ensuite au sort la distribution des logs. Il peut former des séries de 3, 5 ou 7 stations,  séparées par des « tableaux manquants ». Chaque tirage est une dé-narration.
  • Chaque station est une définition de la peinture sur plus de 6000 possibles.
  • Antacom cherche à creuser une place pour rendre possible un point de vue à l’âge de la communication immersive. 
  • Le sujet d’Antacom est le sujet cherchant à se saisir face à la mécanique du monde.

 

 

N.B : à propos des logs

Ni titres, ni mots-valises, ni purs néologismes, les logs se rapprochent davantage des hashtags ou des balises du monde numérique. L'oxymore les inspire en grande partie. Les tirets entre les mots rappellent le codage informatique, cette nouvelle nature qui a horreur du vide. Les logs sont apparus dans les carnets, puis ont constitué la trame même du projet Antacom. Ils résultent d'un mouvement de création de concepts en décalage avec la langue, et donc avec le code (la langue est une variété de code). Une tentative pour les bousculer de manière profondément désordonnée et volontairement fragmentaire. Ils répondent au désir vain d'une appréhension philosophique du monde, mais s'apparentent à des micro-poèmes compressés, à décompresser. Des virtualités de littérature. Des petits trous noirs amateurs pour aspirer des galaxies d'images. D'infimes attentats au tissu de la narration pour favoriser l'essor des mots vers les images, dans une tentative d'inversion de la logique informationnelle du monde, où les images illustrent le discours. A l'opposé, la peinture est une errance autour d'un concept-à-jamais-manquant par conséquent autour d'un vide. 

Ph H